Quand Hegel voit juste, les Américains finissent idiots.

Publié le par anne-so aka SO6

J'ai réalisé en allant à Market Street à quel point la Dialectique du Maître et de l'Esclave de Hegel (Phénoménologie de l'esprit pour ceux qui ont sauté la case philo) s'appliquait "merveilleusement" à la société américaine, ou du moins à mon bled au Texas. J'ai eu l'impression soudaine de vivre dans une société d'assistés par les Mexicains, à tel point que la population locale leur est totalement dépendante et s'abrutit (excusez moi du terme) dans l'assistanat. Incroyable. 

Contexte: A Market Street, le client peut ne rien faire du tout. Il y a des gens qui sont payés exprès pour faire les courses à sa place. Certes ça se trouve en France pour les personnes agées. Ici c'est trop fatigant de faire les courses, ça fatigue surtout les personnes en surpoids sevère, même les petites voitures ne suffisent plus, ils ont peut être du mal à attrapper les produits depuis leur voiture, qui sait ?  Alors pour améliorer les services proposés au client, il y a des gens qui poussent le cadis à  sa place sur simple demande. Les caissières vident son cadis. Les caissières mettent ensuite les achats dans les sachets (ça se fait partout). Les caissières remettent les sachets dans le cadis et finalement une autre caissière arrive pour pousser le cadis jusqu'à la voiture pour enfin ranger les courses du client dans le coffre. Incroyable ! 

Le client que nous appelerons "maître" et l'employé qui sera désigné par "esclave" illustrent assez bien la pensée de Hegel et ça fout la chair de poule quand je me dis que si c'est comme ça à Lubbock, ca peut être comme ça partout. Selon la dialectique de Hegel, l'esclave est l'être qui transforme, agit sur le monde naturel, le monde brut. Par le travail, il apprend à utiliser l'aspect actif et passif des objets qui l'entourent. L'aspect actif réfère à ce que l'objet peut faire, c'est la puissance de l'objet et l'aspect passif représente ce qu'il peut subir, ce dont on peut en faire, c'est l'objet au sens propre. Le maître ne travaille pas, non, il dispose de l'esclave qui réalise les tâches à sa place. Il se fait servir, il se fait réaliser la jouissance immédiate. Il consomme passivement ce que l'esclave lui produit activement. Le maître ne sait en aucun cas user del'objet brut à face active, l'esclave étant le médiat de la jouissance, il ne connaît que son aspect passif et transformé. Le client ne fait point d'effort et est assisté par l'employé, ce qui passe pour un progrès de nos jours. Pauvre ! Hegel explique que l'esclave qui travaille et agit à transformer le monde, se transforme lui-même. Il se développe une conscience de son autonomie en endormant celle du maître. Il se forge une conscience de sa puissance et ankylose celle du mâitre. Ce dernier devient alors étranger à son propre monde puisqu'il ne le reconnait que sous la forme de ce que l'esclave lui présente, soit une vision travaillée, modifiée, médiatisée. Le monde brut, le monde naturel lui est parfaitement inconnu. Ex : le papy de Market Street qui tient une canette de coca à la main et qui regarde d'un air suspect des aubergines. C'est ainsi que l'esclave devient égal au maître. Hegel pense que le travail de l'esclave pour l'immédiateté de la jouissance du maître débouche sur l'égalité entre les hommes, je n'en suis pas convaincue, je penserais plutôt à un rapport de domination inversée par le travail : Domination intellectuelle (hier encore une nana de ma classe faisait de l'Europe et de l'Asie deux pays distincts), domination culturelle (le burger n'est pas une manifestation de culture tres profonde), le reste viendra sûrement, ou est déjà.  A mon avis, c'est ainsi que les américains devriendront esclaves d'un monde qui a tant travaillé à leur rendre la vie plus "sweet", et c'est ainsi que d'autres* risquent de finir s'ils continuent bêtement à singer la premiere puissance mondiale. 

Appelons Bruce Willis pour désamorcer cette bombe à retardement, ou laissons faire et nous verrons bien où ira le monde, il y aura un gagnant dans l'affaire ... et pendant ce temps les Cheers Leaders entrent sur le terrain et le peuple applaudit.

*Je ne cite personne, mais je n'en pense pas moins de nous, européens.

Publié dans les texans et moi

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A
@ Joke : no, I would get shot before for having dared to talk about America with bad words such as "Hegel" !!! @ Pyrrha Na : Completement d'accord avec toi sur le point de la culture, j'y étais allée un peu trop vite. Néanmoins, il faut remarquer que même à 700km de la frontière mexicaine, l'influence du Mexique est plus que palpable dans les musées d'expo contempo, à la radio, dans l'architecture, globalement dans la vie de tous les jours. Les autres cultures (asiatiques, indiennes, et pakistanaises notamment) prennent aussi de plus en plus une place non négligeable dans la culture américaine qui en devient une sorte de patch work multi-culturel, c'est sûrement pour cela qu'ils s'exportent si bien. Nombreuses sont les cultures qui se reconnaisent en eux.
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J
Mind your language, dear.Hegel is a prohibited word in the States, I think.If you go on like that, you'll find yourself in a cage at Guatamano Bay.
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P
C'est la suite logique de l'apogée : la décadence. Le problème avec ce système, c'est qu'on tourne en rond, reste à savoir qui sera le prochain gagnant en effet.mais tout ça est encore loin, et je ne suis pas d'accord avec toi : les etats-unis ont encore une domination culturelle très forte, que ce soit  au niveau du mode de vie ou au niveau de la culture proprement dite : pour l'art contempo, tout ou presque se passe aux etats-unis, idem pour cinéma, voir même musique et littérature. Quels auteurs s'exportent le mieux ? quels films ont le plus gros succès ? où vont les oeuvres d'art contemporaines ? je te conseille un bouquin très édifiant sur le sujet : De la culture en Amérique, de F.Martel.Soit dit en passant, y a un mini-scandale en ce moment dans le microcosme de l'intelligensia parisienne, suite à la couverture européenne du magazine américain Time qui affichait : "la mort de la culture française"..., eh oui, parce que c'était nous les maîtres avant la seconde guerre mondiale!
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